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Relations franco-chinoises : de l'Histoire ancienne

Aurore Gavenda
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La Chine et la France. Deux pays que tout sépare, de la distance à la culture en passant par l'histoire. Nous nous sommes penchés sur les relations entre ces deux pays. Que peuvent nous apprendre les relations franco-chinoises sur l'histoire commune de ces deux pays?

Les différences entre la Chine et la France sont bien plus que multiples. Nous le savons, les chinois le savent, tout le monde le sait. Pourtant ces deux pays entretiennent depuis 60 ans maintenant des relations passionnées. Au delà de la nécessité actuelle imposée par l’ordre internationale de dialoguer avec la Chine, ces relations pointent des ponts culturels et des affinités entre ces deux pays.

Pour Alain Labat, le président de la Fédération des associations franco-chinoises, la différence fondamentale entre la Chine et la France est culturelle et viens de l’écriture. Il nous dit que la façon d’écrire implique une "foultitude de différences au niveau de la vision du monde, de la logique ou de l'absence de logique, de l’esthétique, des valeurs etc". C'est donc de l’écriture et de rien d'autre que, selon lui, naisse les différentes valeurs culturelles qui distinguent les pays entre eux. Cependant la question de la différence en entraîne une autre, peut être presque plus complexe et plus importante, c'est la question des ponts culturels. Car si deux cultures se distinguent et s'affrontent, il y a toujours un point ou elles dialoguent. Quel est donc ce point qui relie la France et la Chine?

Tout d'abord, il faut se replacer dans le contexte de l’intérêt mutuel des deux pays l'un envers l'autre. Comme nous le raconte Alain Labat, la France est un pays pionnier en matière de sinologie (étude de la Chine). En 2014 nous avons célèbré le bicentenaire de l'ouverture d'une chaire de langue chinoise au collège de France qui est la plus haute et prestigieuse institution universitaire française. Bicentenaire, cela signifie qu'il y a déjà plus de 200 ans que la langue chinoise est enseignée au niveau universitaire en France, ce qui n’était, a l’époque, le cas nul part ailleurs. Petit à petit, l’étude de la langue chinoise est devenue plus commune en France. Après la seconde guerre mondiale, elle est entrée dans les université et à partir des années 80 dans les lycées. De nos jours des cursus franco-chinois existent dès la 6e et on peut même bénéficier d'une initiation à cette langue dans certaines écoles primaires.

L’intérêt de la France pour la Chine se voit également dans d'autres domaines, on peut penser aux nombreux écrivains qui se sont passionnés pour la Chine et qui y ont vécus comme diplomates par exemple. Du coté chinois, il y a également toujours eu un courant d’intérêt pour la France, son histoire avec la Commune de Paris et la reconnaissance de la Chine par Charles de Gaulle par exemple, mais également pour son art, sa culture et sa gastronomie. Que ne sont-elles nombreuses ces fausses boulangeries françaises en Chine nommées "Paris Baguette" ou "Tous les jours" et qui tentent plus ou moins bien d'imiter la cuisine française! Et, pour Alain Labat, c'est bien cela justement qui rapproche les deux pays au final: la gastronomie. Dans les deux cas elle est extrêmement riche et variée et fondamentale dans la culture du pays. On a beau passer du riz au fromage, l'effet est le même et le pont culturel est là.

Une autre question se pose lorsqu'on se penche sur les relations franco-chinoise, comment les chinois voient-ils les français? Si nous savons que la vision des chinois en France est pour le moins spécifique qu'elle est celle qu'ils ont de nous? C'est une question que s'est posée l'Europe il y a quelques années sur l'image des produits européens en Chine et qui a finalement abouti sur l'image des européens en Chine. Et les résultats sont là, si les allemands sont considérés comme fiables, toujours présents et sérieux les français eux sont romantiques, indisciplinés, créatifs, paresseux, en grève ou en vacances! Bref, nous pouvons être rassurés, les clichés marchent bien dans les deux sens.

Les relations franco-chinoises que nous connaissons aujourd’hui se sont fondées, comme nous le savons tous, sur la reconnaissance de la République Populaire de Chine par le Général de Gaulle en 1964, premier pays d'Occident à la reconnaître officiellement. Ces relations n'ont depuis jamais cessées et ont, au fil des décennies, acquis de plus en plus d'importance sur le plan politique, économique et culturel mais ont également connues des turbulences à intervalle régulier.

Les problèmes ont étés nombreux comme la vente d'avion de chasse à Taïwan par le président Mitterrand, l'annulation du sommet Europe-Chine qui devait avoir lieu à Lyon en 2008, les drapeaux tibétains sur les mairies françaises etc. Certains épisodes ont mené à une quasi-rupture du dialogue, on peut citer la période de juin 1989 où des dissidents chinois ont défilé sur les Champs Élysées par exemple. Il y a aussi les diverses réactions des médias français, vous ne pouvez pas lire aujourd'hui un article sur la Chine sans qu'il y ait un ton de méfiance ou de peur.

Mais malgré tout ça, il y a toujours eu quand même des chinois francophones, et des chinois francophiles. Et il y a surtout toujours eu ce que l'on pourrait appeler des "passeurs de culture" comme le doyen du département français de l’université de Pékin qui a traduit un certain nombre d’écrivains français dont notre dernier prix Nobel: Le Clezio et qui a été décoré de la légion d'honneur par Manuel Valls. C'est donc sur eux que les relations franco-chinoises comptent lorsque le dialogue est difficile entre les deux pays.

Pourtant aujourd’hui les relations franco-chinoises sont dans une phase apaisée, mieux, elles se portent bien. En 2014, le 60e anniversaire des relations diplomatiques a été fêté, le président chinois a été reçu en grande pompe à Paris et au château de Versailles... Il y a même une certaine convergence de la France et la Chine sur le plan international et au sein des Nations Unies, le dialogue politique entre les deux pays est permanent d'autant qu'aujourd'hui il est difficile de faire sans la Chine. Un point négatif à voir aujourd’hui? L’énorme déficit commercial de la France envers la Chine qui est un déficit structurel.

Nos deux pays sont également de plus en plus liés par les échanges universitaires, l'essentiel de la communauté chinoise en France est étudiante, environ 35000. cette année c'est même la première nationalité étudiante de l'enseignement supérieur accueilli en France. Et les français eux apprennent de plus en plus le chinois . Il y a maintenant plus de 500 profs de chinois dans le secondaire, plus de 650 dans les collèges et lycées. Et si la balance n'est toujours pas équilibrée, les français se tournent de plus en plus vers la Chine et prennent conscience de ce qu'elle est vraiment.