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Actualités #2

SOMMAIRE

  • Allemagne - Chine : Tensions entre le géant européen et le géant asiatique – AS
  • Conquête spatiale: décollage de la plus puissante fusée chinoise – AS
  • Big Data : sortir du point de vue occidental pour décrypter l'actualité chinoise - AG
  • Cybersécurité : renforcement du contrôle d’Internet en Chine – AG
  • Hong Kong : la Chine empêche deux députés de siéger au parlement - VC

  • Lou Jiwei laisse le ministère des finances chinois à Xia Jie - AS

  • Le renforcement du pouvoir d' « oncle Xi » - AG

ALLEMAGNE - CHINE :

Tensions entre le géant européen et le géant asiatique

Très récemment et à la surprise générale, a eu lieu un refroidissement des relations sino-allemandes.

Tout d’abord, Berlin a bloqué, en quatre jours, les opérations chinoises visant à racheter deux sociétés allemandes. Le 24 octobre, l’Allemagne retire son autorisation pour une OPA chinoise sur Aixtron, un industriel d’équipements semi-conducteurs. La réaction chinoise ne tarde pas et on commence déjà à parler d’”incident diplomatique”. Cet incident serait d’autant plus majeur que les journaux allemands justifient ce revirement en évoquant une éventuelle pression des Etats-Unis sur Berlin, notamment parce que les équipements produits par Aixtron sont susceptibles d’être utilisés pour de l’armement nucléaire. En plus de cela, le 27 octobre l’Allemagne refuse le rachat d’une filiale d’Osram (société d’éclairage) par des investisseurs chinois.

Mardi, Gao Hucheng, ministre chinois du commerce, ne se présente pas lors du discours commun qu’il devait prononcer avec son homologue allemand Sigmar Gabriel pour l’ouverture de la commission économique sino-allemande et du comité de coordination le plus important des deux ministères du commerce. Dans la foulée, l’ambassadeur chinois en Allemagne fait part de sa réaction dans les journaux : il parle de « mauvaises choses pour les perspectives de commerce » et insiste sur les « tendances de plus en plus protectionnistes » de Berlin. Il espère avoir à faire à une exception et pense que l’Allemagne ne « devrait pas traiter un partenaire ainsi ».

L’Allemagne quant à elle soutient que les relations avec la Chine sont « inéquitables ». En effet, en Chine les investissements étrangers sont très compliqués et les joint-ventures obligatoires. La place de l’Etat est beaucoup plus forte dans les industries chinoises que dans les industries allemandes. Le secrétaire d’Etat allemand, Matthias Machnig, publie une note statuant que les investissements étrangers en Allemagne seront empêchés si ces derniers sont influencés par une « politique industrielle » ou qu’ils sont « rendus possible par les subventions de l’état », mais également si l’acheteur est une entreprise publique. Cependant cette note n’est même pas encore à l’état de projet, car il s’agit pour le moment de « rester ouverts mais pas naïfs »

En parallèle, Günther H. Oettinger, commissaire européen à l’Economie et à la Société numérique, n’aide pas. Il laisse échapper au cours d’un discours la semaine dernière que les chinois sont des « yeux bridés ». Il présente néanmoins ses excuses le 3 novembre et ajoute qu’il « éprouve un grand respect pour le dynamisme de l’économie chinois » et que la Chine est un « partenaire et un rude concurrent ».

Alice SOULA

Conquête spatiale: décollage de la plus puissante fusée chinoise

Après plusieurs échecs lors d’essais dans des installations secrètes de Pékin, le jeudi 3 novembre, l’administration spatiale chinoise a réussi à faire décoller la plus puissante fusée qu’elle n’ait jamais conçue.

« Longue Marche 5 » s’est ainsi envolée à 8h43 heure locale sur l’île de Haïnan (île tropicale du sud-est) et a pour mission de mettre en orbite deux satellites expérimentaux : Shijian-17 et Yuanzheng-2. Selon la presse chinoise, le premier vérifiera les nouvelles technologies dans l’orbite géostationnaire, et le second sera responsable de la diffusion et la communication tout en testant les débris spatiaux et la propulsion électrique.

Cette fusée est capable de mettre en orbite terrestre basse (soit une zone d’espace entre 160 et 2 000 kilomètres d’altitude) une charge de 25 tonnes, environ 16 voitures. Si les chiffres sont impressionnants, ils sont néanmoins minuscules comparé aux capacités de Saturn V, son homologue américain, qui peut porter jusqu’à 154 tonnes et qui a déposé les astronautes sur la Lune en 1969.

Si la Chine investit tant dans la conquête spatiale, c’est parce que cette dernière est un des symboles de puissance du parti communiste chinois. La conquête spatiale est un exemple parfait de la Chine qui veut rattraper son retard sur les Etats-Unis et la Russie, qui sont les deux géants de l’industrie aérospatiale. Rappelons que la Chine a pour projet d’envoyer un véhicule téléguidé sur Mars d’ici 2020, à l’image des rover MER envoyés par les USA en 2003, mais également de déployer une station spatiale habitée d’ici 2022 pour pallier l’absence et obsolescence de l’ISS (la station spatiale internationale).

Alice SOULA

Big Data : sortir du point de vue occidental pour décrypter l'actualité chinoise

Comme nous avons pu le voir ces dernières semaines dans les médias français, le gouvernement chinois aurait pour projet d'attribuer des « notes de confiance » à ses citoyens.

Pour éviter de glisser dans le cliché, nous avons essayé de recenser les informations nous semblant les plus pertinentes sur le sujet afin de ne pas déroger à l'objectif d'Au delà de la Muraille qui est de vous présenter la Chine sous tous ses angles, d'un point de vue neutre.

Selon des médias tels que BFMTV ou encore La Tribune, le gouvernement chinois souhaiterait mettre en place un système lui permettant de noter chaque personnes morales en fonction de la « confiance » qu'il peut placer en elle. Ce système verrait le jour en 2020 et se baserait sur les renseignements fiscaux, les informations d'état civil et les infractions commises par les citoyens chinois. Ces informations, récoltées via internet, seraient ensuite compilées par le gouvernement pour permettre à ce dernier d'attribuer une note et, par conséquent, de mettre en place un système de récompenses et de sanctions. Ainsi, pouvoir choisir la première classe pour prendre le train ou s'inscrire dans une bonne école deviendraient des actions « conditionnées » par ce système de « crédit social ».

Parcourir les médias français sur ce sujet peut nous faire penser que la Chine souhaite développer un « outil de pression » sur ses citoyens au risque de déboucher sur un durcissement du régime. La rigidité du régime chinois, contrôlé par un parti unique et étant connu comme peu respectueux des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, n'est pas un fait que nous remettons ici en cause. Mais ce genre d'informations nécessite un croisement des sources et de leur qualité ainsi que la nécessité de se détacher d'un point de vue « occidental » nous conduisant à penser que notre modèle démocratique est incontournable pour le bonheur d'une population et la bonne gestion d'un pays. On ne peut traiter de ce genre d'informations sans prendre en compte la spécificité du territoire concerné et de sa population, ses différences culturelles, politiques ou encore historiques ou sans se détacher de son propre point de vue français.

Ainsi, ce que nous pouvons vous dire avec certitude sur ce fait d'actualité est qu'aucun média ou revue spécialisée sur les questions chinoises n'en a encore traité et qu'aucune information « sûre » émanant de la Chine n'est encore disponible en France. Précisons aussi que les informations de ces médias reposent pour l'instant exclusivement sur des sources anglo-saxonnes et qu'ils ne s'appuient sur aucun document ou discours officiel chinois.

Il est donc encore un peu tôt pour lancer l'alerte « Big Brother », mais cette information mérite que l'on garde un œil alerte sur l'évolution de la situation tout en restant objectif est conscient de la qualité de l'information apportée.

Aurore GAVENDA

Cybersécurité : renforcement du contrôle d’Internet en Chine

La Chine est l'un des pays les plus stricts au monde au niveau du contrôle d'Internet. Ainsi lorsqu'on arrive en Chine, on se retrouve assez rapidement désemparé face à l'impossibilité d’accéder à des sites comme Facebook, Youtube ou encore Google.

La censure chinoise du web, s'exerce notamment grâce à un blocage surnommé « Great Firewall », un jeu de mot qui se base sur la Grande Muraille. Toutefois, la censure chinoise se durcit d'années en années. Déjà renforcée en 2015, elle l'est encore plus aujourd'hui à travers la loi votée par le Parlement chinois le 7 novembre 2016, supposée s'appliquer d’ici juin 2017.

Cette nouvelle loi a plusieurs objectifs. Tout d’abord : renforcer le contrôle exercé sur les internautes chinois en interdisant les contenus pouvant porter atteinte à « l'honneur national », l' « ordre économique et social » ou encore visant à « renverser le pouvoir socialiste ». Mais cette loi s'adresse également aux entreprises étrangères, exigeant d'elles qu'elles s'assurent de l'identité des internautes, dans le but affiché de supprimer l'anonymat. Les entreprises devront ainsi stocker en Chine les données concernant leur activité dans le pays ou celles de leurs utilisateurs chinois.

Si cette nouvelle loi suscite les protestations enflammées des ONG et de certains acteurs économiques, elle n'est toutefois pas surprenante. En effet, la « cyber-dissidence » est depuis longtemps considérée comme un réel problème en Chine et les diverses lois de contrôle du web sont mises en place pour empêcher les internautes de critiquer le régime au pouvoir. Ce qui change réellement avec cette loi est l'obligation qu'elle représente pour les entreprises étrangères, plus que pour les internautes chinois déjà bien au fait de la censure d'internet. Ainsi, toutes les lois visant à contrôler la toile chinoise se revendiquent de la protection de la souveraineté nationale. De plus, le fonctionnement de l'internet chinois diffère du fonctionnement occidental, et la Chine a, au fil des années, développé ses propres sites : Baidu remplace ainsi Google, Wechat est l'équivalent de Facebook ou encore Youkou qui est la version chinoise de Youtube.

Aurore GAVENDA

Hong Kong : la Chine empêche deux députés de siéger au parlement

Lundi 7 novembre, l’Assemblée Nationale Populaire (ANP) chinoise a décidé que deux jeunes députés indépendantistes, élus le 4 septembre lors des élections législatives, n’auront pas le droit de siéger au Conseil Législatif de Hong Kong.

Sixtus Leung et Yau Wai-ching, âgés respectivement de 30 et 25 ans, auraient déroulé une bannière « Hong Kong n’est pas la Chine » et évoqué « la nation hongkongaise » lors de leur serment, provoquant la colère des autorités chinoises. Mais la Chine peut-elle légalement sanctionner des députés pour ce comportement ?

La Basic Law, la constitution hongkongaise, offre un cadre légal aux relations entre la République Populaire de Chine et Hong Kong, basé sur le principe d’« une Chine, deux systèmes », un slogan suggérant qu’il existe une culture chinoise unique régit par deux systèmes politiques et économiques différents. L’article 104 stipule que les députés « doivent prêter allégeance à la Région Administrative Spéciale Hongkongaise de la République Populaire de Chine », supposant, en effet, une acceptation de ce double système.

Les revendications pro-indépendantistes violent donc les principes de la Basic Law mais aucune précision n’est ajoutée concernant les sanctions que peuvent endurer les contrevenants. « A chaque fois qu’ils [Pékin] interprètent notre Basic Law, ils empiètent sur l’indépendance de notre système judiciaire et le principe d’ « une Chine, deux systèmes » » affirme Wilson Leung, porte-parole des avocats progressistes. Pourtant, l’article 158 précise que le Parlement chinois est en droit d’interpréter la loi hongkongaise. Lors d’une conférence, le directeur de la commission chargée de la Basic Law au comité permanent de l’ANP, Li Fei, s’est exprimé en précisant qu’il était de son « devoir » d’interpréter la loi mais que Pékin n’allait pas interférer dans l’exercice du pouvoir hongkongais.

La décision de Pékin a néanmoins provoqué le mécontentement de la population qui considère que ses libertés fondamentales sont attaquées. Plusieurs milliers de manifestants ont défilé, dénonçant les « ingérences » de la Chine, un évènement qui n’est pas sans rappeler les protestations du mouvement des parapluies en automne 2014.

Vincent CALAMAND

CHANGEMENT AU SEIN DU GOUVERNEMENT CHINOIS : Lou Jiwei laisse le ministère des finances chinois à Xia Jie

Comme annoncé lundi 7 novembre 2016 par le gouvernement chinois, de grands changements gouvernementaux ont eu lieu.

Lou Jiwei, 65 ans, est remplacé par Xia Jie, 59 ans, précédemment secrétaire général adjoint du Conseil d’Etat, annonce l’agence Chine nouvelle. L’agence de presse ne parle pas du nouveau poste de Lou Jiwei qui avait pris ses fonctions en mars 2015. Son successeur a lui été présent presque vingt ans au sein du ministère des Finances, puis nommé en 2007 à la tête de l’administration fiscale.

De plus, Geng Huichang lègue sa place à Chen Wenqing (jusqu’à présent au sein des services anti-corruption internes au Parti communiste chinois) à la tête du ministère de la Sécurité de l’Etat, qui supervise les services secrets.

Au niveau des Affaires civiles, le ministre Li Liguo est également remplacé. Selon le quotidien de Hong Kong South China Morning Post, M. Li est au centre d’une enquête de corruption. Huang Shuxian, ancien ministre de la Supervision, prend sa place aux Affaires civiles.

Alice SOULA

Le renforcement du pouvoir d' « oncle Xi »

Le 27 octobre 2016, l'agence de presse Chine Nouvelle annonçait officiellement la décision du Parti Communiste Chinois de conférer un « rôle central » à son secrétaire général, Xi Jinping, également président de la République Populaire de Chine.

Suite à cette annonce, un communiqué de presse a été publié appelant tout les membre du parti à « s'unir étroitement autour du comité central du PCC avec le camarade Xi Jinping occupant un rôle central ».

Depuis la mort de Mao Tse Tung en 1976, s'est mis en place au sein du PCC un répartition collégiale du pouvoir afin d'éviter les dérives autoritaires de son fondateur. En effet, à part Mao et Deng Xiao Ping, force nous est de reconnaître que nous connaissons mal voire pas du tout les noms des dirigeants chinois... jusqu'à celui de Xi Jinping.

A la tête du PCC depuis 2012 et à celle du pays depuis 2013, Xi Jinping a fait beaucoup parler de lui notamment au niveau de la lutte contre la corruption qu'il a mise en place dès son arrivée au pouvoir. La réunion du PCC qui a eu lieu fin octobre avait ainsi comme objectif premier, la discipline interne du parti et la lutte contre la corruption.

Ce problème est aujourd'hui très important en Chine et d'autant plus au sein des élites chinoises, le plus récent scandale à ce sujet date de septembre et avait éclaté à propos d'achats de votes impliquant des députés dans la province du Lianoning. La volonté du PCC de donner un « rôle central » à Xi Jinping se pose donc dans le cadre de cette lutte et peut aller jusqu'à évoquer l'idée d'un potentiel retour du « leader unique » abandonnée en Chine depuis 1976. Toutefois les choses n'en sont pas encore là et la question se reposera probablement lors des prochaines élections de 2018.

Néanmoins, à la suite de cette réunion, les médias chinois, relayés par les médias occidentaux ont diffusés en masse la volonté du président d'éradiquer la corruption à travers ces phrases : « Une poignée de hauts dirigeants du Parti, dépassés par leur ambition, assoiffés de pouvoir, ont feint d'observer la ligne officielle, ont formé des cliques pour leurs intérêts personnels (...) et fomenté des complots politiques ». La mention des termes « complots politiques » montre bien la gravité de la situation aux yeux du dirigeant chinois et laisse penser que les mesures prises à l'encontre de ce problème (plus d'un million de membres du PCC punis ou emprisonnés dont Zhou Yongkang , l'ex chef de la sécurité) risquent de se durcir drastiquement.

Aurore GAVENDA

SOURCES